“ You can’t always get what you want but sometimes, if you try hard, you get what you need”.
Mick Jagger

Le thème de la chanson des Stones, c’est un peu l’histoire de cette randonnée. Au départ, avec ses amis Vincent et Benoit, notre ambassadeur du Wigwam Store, Adrien Ballanger, avait prévu l’ascension de la Grande Fache. Un sommet des Pyrénées posé sur la frontière franco-espagnole, un des rares sommets pyrénéens à plus de 3000m d’altitude, il culmine à 3005m exactement.
Il fait partie du massif des Pics-d’Enfer, un incontournable de la région. Adrien et ses potes avaient pourtant bien prévu leur coup ... mais parfois en montagne, il faut savoir improviser.

A LA RENCONTRE DU PICO ARAGÓN

(texte : Adrien Ballanger / Photos Adrien Ballanger / Benoit Verdonck)

Petit flashback pour commencer le récit de cette rando :
En 2017, je bivouaque pour la première fois au lac de la Fache, situé au pied de la Grande Fache Ce petit lac, perché à 2400 m, est ma première expérience de nuit en extérieur, seul. Aucun risque de l’oublier car ce jour-là, un animal sauvage a failli m’attaquer. Alors que je m'endors, ma toile de ma tente commence à bouger et le bruit du plastique qui se froisse me réveille. Puis le bruit s’arrête ! Je me rendors tant bien que mal. Cinq minutes plus tard, rebelote, je m’assois et commence à marmonner pour faire fuir l’infortuné qui tente de voler mon sommeil. Ça s’arrête ! Je me rendors. Et puis ça repart, la kermesse reprend de plus belle, cette fois, je commence à gueuler, à m’énerver… je suis prêt à sortir de la tente. J'en étais sûr que j’allais me faire emmerder ! Mais pour être honnête j’ai quand même les boules de sortir. Alors, j'arrête de m’agiter, j’allume la frontale et en moins tant qu’il n’en faut pour s'apercevoir que l'on débloque complètement, je constate que c’est simplement le vent qui agite la toile de la tente. Depuis je n’ai jamais recroisé cette fameuse bête sauvage et désormais , je dors toujours sur mes deux oreilles !

Place maintenant à cette randonnée.
Jusqu’au refuge du Wallon, point de départ de course en altitude, c’est une balade tranquille et apaisante. Avec mes deux amis Vincent et Benoit, tous deux randonneurs expérimentés, on démarre depuis le fabuleux pont d’Espagne et sa cascade au débit impressionnant. Puis on longe le gave qui, depuis des milliers d’années, façonne cette vallée. Les plateaux verts et les sapins posent  le décor. Les chevaux paissent parmi les arbres et les randonneurs, venant parfois vous voir pour quémander une caresse. Pas de difficulté particulière, le chemin est entretenu et même pavé par endroit de grosse pierre qui facilite l’approche. Après 2h/2h30 de marche on atteint le refuge du Wallon. En 2017, lors de mon tout premier passage, j’ai pu photographier l’ancien refuge, à l’époque déjà, des sacs de matériaux étaient disposés autour de ce dernier, en prévision d’un grand projet. Aujourd’hui, le refuge du Wallon est devenu le plus grand refuge des Pyrénées. Malgré une architecture discutable, ce sera un merveilleux endroits pour ceux qui souhaitent s’émerveiller des hauts sommets alentour et ceux, plus téméraires, qui iront se frotter aux 3000 alentour.

13h, déjeuner  au soleil, on en profite car demain, il pleuvra. 14h30, les affaires inutiles pour l’ascension de ce soir sont déposées au dortoir du refuge et nous partons en direction de la grande Fache. Ici le chemin donne le ton pour le reste à venir. On prend de la hauteur beaucoup plus rapidement que le matin et on arrive assez vite au lac de la Fache. Sur le chemin les premières traces de neige font leurs apparitions et la glace nous fait déraper nous rappelant que là-haut ce ne sera pas si simple. Le lac est toujours aussi beau et sa vue grandiose. Là, le Vignemale se dévoile complètement à nous et la grande Fache semble nous écraser du haut de ses 3005 m. En direction du col de la Fache, on croise un montagnard d’une cinquantaine d’années. Je lui demande : " Comment est la Fache avec toute cette neige ? “
« Pourri” me repondt-il !  “ La neige ne tient pas pour les crampons, elle est molle et avec les pierres qui glissent en dessous, l’ascension y est compliquée. J’ai abandonné cinquante mètres avant le sommet. »
Nous voila prévenus. Nos plans de départ semblent bien compromis. Moi qui avais en tête de me refaire ce beau 3000, lointain souvenir d’une matinée d’automne. L’altitude commence à se faire ressentir et on avance moins vite. Mais malgré tout, notre petit train nous permet d’attendre  tranquillement le col.

Il est maintenant 16h30, et en un coup d’œil, on constate que l’ascension du géant doit effectivement être périlleuse. On en vient même à se demander si le montagnard croisé plus tôt nous disait vrai. La neige entrelace chaque rochers les transformant en autant de pièges à chaque virage. On a franchement pas envie de revenir de nuit dans un couloir aussi dangereux. En regardant vers le nord, on aperçoit alors un petit sommet qui parait dominer le paysage espagnol. Nous consultons nos GPS et on constate qu’il culmine tout de même à 2900 m. Les pentes paraissent beaucoup plus praticables. On se lance.

Après une heure d’ascension sportive nous voilà au sommet du Pico Aragón à 2918 mètres d’altitude.
Il est aux alentours de 17h30 et le soleil commence son déclin progressif.
Il ne nous reste plus, à mes deux compères d’expédition et moi même, qu’à nous poser face à l’enfilade de massifs qui se dressent devant nous. La magie du spectacle des Pyrénées avec cette douceur lumière d’automne peut commencer.
On n’a pas toujours ce que l’on désire mais parfois, en travaillant dur, on obtient ce dont on a besoin …

Localisation : Pico Aragon Vallée du Marcadau, Cauterets | 25 km, 1500 m D+